28.2.08

Où va la Serbie ?

Tandis que Vojislav Kostunica déclare le 27 février 2008 à Russia Today que la Serbie ne peut entrer dans l'Union européenne qu'avec le Kosovo dans ses frontières, le président serbe Boris Tadic déclare dans un entretien à El Pais paru le 28 février que la Serbie ne renoncera pas à l'adhésion à l'Union européenne. Tandis que le chef du gouvernement pense que la Serbie ne doit pas normaliser ses relations avec les pays qui ont reconnu l'indépendance du Kosovo, le vice-premier ministre chargé des questions européennes, Bozidar Djelic, et Mladjan Dinkic, le ministre de l'économie, estiment que l'auto-isolement de la Serbie est une mauvaise solution.

Vojislav Kostunica est d'une mauvaise foi lorsqu'il précise à Russia Today : "Serbia cannot actually accept to be the only (eventually) EU member whose territorial integrity is not recognized. And it's quite clear: when our negotiations started with the EU, Serbia was recognized as a whole state, including Kosovo, and it's like that. So it's really a matter of principle, and there should be no calculations when it comes to that."

En effet, l'Accord de stabilisation et d'association avec l'Union européenne n'englobait pas le Kosovo. Or, V. Kostunica avait avalisé les négociations et le paraphage de cet ASA le 7 novembre 2007.

Comment la Serbie peut-elle avancer dans ce contexte? La question devra bien être tranchée. Vojislav Kostunica a-t-il un mandat clair de la part des citoyens serbes pour défendre une telle position? Boris Tadic a été élu début février sur l'idée que la Serbie ne devait pas renoncer à l'adhésion à l'Union européenne malgré l'issue injuste à la question du statut du Kosovo.

Vu les sérieuses divergences entre les partis de la coalition gouvernementale, une définition des objectifs stratégiques de la Serbie s'impose. De fait, il serait préférable de convoquer de nouvelles élections parlementaires pour trancher la question.

La Serbie peut-elle être l'otage du Kosovo et de ses 130 000 Serbes? S'il convient pour la Serbie d'aider les Serbes du Kosovo, le pays doit-il pour autant risquer son avenir, prendre le risque finalement de tout perdre. Les chances pour la Serbie d'améliorer sa situation économique seront d'autant plus grandes qu'elle intégrera l'Union européenne.

Aucun commentaire: