22.2.08

Les démocrates prisonniers des nationalistes

Le jour de la proclamation de l'indépendance du Kosovo, les deux têtes de l'Etat de Serbie se sont prononcés : Boris Tadic, président de la République, et Vojislav Kostunica, chef du gouvernement.

Si les deux hommes ont condamné l'indépendance, leurs deux discours étaient bien distincts. Le chef du gouvernement a tenu un discours à fort teneur idéologique dénonçant principalement la violence des Etats-Unis et de l'OTAN :

"The unilateral proclamation of the phoney state under the patronage of the US and the EU represents the final act of a policy of force that started with aggression and the insane bombardment of Serbia and then continued with the arrival of NATO troops in Kosovo-Metohija. Never before has the truth been clearer than it is today, on February 17, as to why Serbia was savagely destroyed with NATO bombs. The real foundations of the phoney state of Kosovo are the bombs that NATO used to destroy Serbia. This is why the real truth needs to be told, that behind this phoney state lie the military interests of NATO, which is also confirmed in Annex 11 of Ahtisaari’s plan. Only in that way could this phoney state be created, and it will for ever remain phoney even if the Western countries sacrifice the entire world order and risk peace for its recognition.

The President of the US, who is responsible for this violence, and his European followers, will be noted in bold letters in Serbian history books, but also in the history of international law and world order that international law guarantees."

Tandis que le président serbe a mis l'accent sur la réaction pacifique que devait avoir les Serbes face à l'indépendance du Kosovo :

"Encore une fois, j'appelle tous les fonctionnaires d'Etat et les chefs de tous les partis politiques en Serbie à agir de manière responsable en cette situation. Je demande à tous les hommes politiques qu'ils appellent à la paix, au sérieux et à la retenue dans leurs déclarations. Il faut immédiatement mettre de côté les intérêts partisans afin que l'Etat, dans cette situation pleine de défis, puisse agir de manière responsable et unie."

Boris Tadic ne s'en est pris à aucun pays dans son discours.

De fait, les deux hommes représentent deux visions de l'avenir de la Serbie. En effet, tandis que Vojislav Kostunica est prêt à sacrifier l'avenir européen de la Serbie, en bon anti-occidental qu'il est, Boris Tadic ne remet pas en question la perspective d'adhésion à l'Union européenne.

Ne souhaitant pas organiser d'élections parlementaires anticipées, le Parti démocrate de Boris Tadic s'est laissé prendre dans l'étau des nationalistes. Kostunica ne représente plus grand chose sur le plan électoral mais il continue de vouloir décider au nom de tous les Serbes. Ce n'est pas à lui de se prononcer sur la question de l'adhésion à l'Union européenne, mais aux citoyens.


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