27.12.07

La Serbie et l'Union européenne

L'assemblée nationale de Serbie a adopté hier, mercredi 26 décembre 2007, une nouvelle résolution sur le Kosovo et la Métochie (Kosovo i Metohija), répétant les positions bien connues des autorités de Belgrade opposées à l'indépendance du Kosovo.

Néanmoins, cette résolution comporte de nouveaux éléments qui auront des conséquences importantes sur les relations extérieures et le futur développement économique de la Serbie :

- l'assemblée a pris la décision de la neutralité militaire de la Serbie jusqu'à ce qu'une décision finale ne soit prise lors d'un référendum éventuel ; la Serbie était devenue membre du Partenariat pour la Paix (programme de l'OTAN) fin 2006 et avait entamé une réforme de ses forces armées selon les standards de l'OTAN.
- la Serbie ne pourra conclure des accords internationaux, y compris l'accord de stabilisation et d'association (ASA) avec l'UE, que si ceux-ci maintiennent la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Serbie.

De fait, l'adhésion de la Serbie à l'UE est remise en cause par les acteurs politiques serbes. En effet, l'ASA ne s'applique pas au Kosovo. Il a pourtant été paraphé par le gouvernement serbe le 6 novembre dernier à Bruxelles. Toute signature de l'ASA par le gouvernement serbe serait-elle donc illégale? C'est ce qu'affirment déjà les dirigeants du Parti radical serbe (SRS) et de Nouvelle Serbie (NS).

Aucun pays n'est obligé d'adhérer à l'Union européenne. Mais s'il le souhaite il est contraint effectivement d'harmoniser sa législation et son économie avec les règles en vigueur au sein de l'UE. En aucun cas, un pays candidat ne peut fixer ses propres conditions. L'UE peut se passer de la Serbie, mais l'inverse est-il envisageable? La Serbie peut-elle exister en tant qu'îlot isolé entouré de pays membres de l'UE sans voir son développement économique remis en cause? Début 2007, la Serbie avait reçu plus d'un milliard d'euros d'aide depuis 2001 de la part de l'UE (source : B92, 17.01.2007).

La campagne électorale actuelle devrait être l'occasion d'aborder les questions de fond quant aux relations que la Serbie souhaitent établir avec l'UE.

Une enquête conduite en décembre 2007 avant l'adoption de la dernière résolution sur le Kosovo par l'assemblée nationale montrait une nette différenciation entre les différents partis et leurs électeurs. Si les électeurs du Parti démocrate de Boris Tadic sont massivement en faveur e l'entrée de la Serbie dans l'UE (91,79%), les électeurs du Parti démocrate de Serbie (DSS) de Vojislav Kostunica et du Parti radical serbe (SRS) y sont nettement moins favorables : 59,84% et 48,94% respectivement (source : Politika, 19.12.2007). Ces derniers sont davantage favorables à des relations les plus étroites possibles avec la Russie : 73,39% des électeurs du DSS et 74,38% des électeurs du SRS.