13.3.06

L'imaginaire du complot

Les partisans de Milosevic sont fidèles à eux-mêmes : leur chef n'a pas pu mourir d'une mort naturelle, liée à sa maladie. Il n'a pu être qu'empoisonné. De la sorte, on entretient le mythe du héros serbe martyr.

Si Milosevic avait eu des choses importantes à révéler, il les aurait déjà déclarées au cours des quatre ans de procès (février 2002-mars 2006). Il a eu le loisir de s'exprimer et de disposer d'une tribune pour contester la légitimité du TPIY et donner sa vision des faits. Il n'était pas dans l'intérêt du tribunal qu'il meurt alors que l'on s'approchait de la fin du procès.

Sa mort aura pour conséquence principale de détériorer davantage l'image du TPIY auprès des citoyens de Serbie, qu'ils soutiennent ou pas l'héritage de Slobodan Milosevic. Néanmoins, si le procès à l'encontre de Milosevic était le procès clé, il n'était pas le seul, de nombreux procès ont déjà eu lieu et d'autres sont à venir qui permettront d'établir les responsabilités à propos des atrocités commises pendant les guerres des années 1990.

12.3.06

Décès de Slobodan Milosevic

Slobodan Milosevic, ancien président de la Serbie et de la RF Yougoslavie, a été retrouvé mort dans sa cellule, samedi 11 mars 2006.

Le principal procès conduit au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie s'achève donc sans qu'aucun verdict n'ait été prononcé. Inévitablement se pose la question de la durée du procès en question, nous étions entrés dans sa cinquième année en février dernier. Certes, le procès trainait en longueur en raison des problèmes de santé de Milosevic, mais la question se pose de savoir s'il fallait unifier les actes d'accusation pesant à son encontre pour l'ensemble des conflits armés conduits au cours des années 1990. En effet, lorsque Milosevic est inculpé par le TPIY au printemps 1999, l'acte d'accusation ne concerne que les événements de la guerre au Kosovo. Il sera ultérieurement élargi aux guerres menées en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Or, il était possible de distinguer ces conflits dans la mesure où la guerre du Kosovo s'est produite à l'intérieur même du territoire de la Serbie, tandis que les guerres des années 1991-1995 se sont produites à l'extérieur des frontières de la Serbie, sur les territoires de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine.

Avec deux procès, nous aurions au moins eu, en l'espace de deux ans, une condamnation pour les charges concernant la guerre du Kosovo. Or, aujourd'hui, Slobodan Milosevic, pourra être présenté comme un martyr par les nationalistes serbes.

Certes, tous les témoignages du procès Milosevic ne sont pas perdus et fournissent un matériau important pour comprendre le rôle joué par les autorités politiques de Serbie dans la conduite de la guerre et du nettoyage ethnique.

Néanmoins, d'autres procès doivent avoir lieu contre d'anciens dignitaires du régime de Milosevic qui permettront de faire la lumière sur l'implication première de Slobodan Milosevic.

2.3.06

Référendum sur l'indépendance du Monténégro

La date du référendum sur l'indépendance du Monténégro a enfin été annoncée : le 21 mai 2006. L'Union européenne a prétendument joué le rôle de médiateur entre les différentes forces politiques monténégrines mais elle a de fait imposé une solution plus que discutable. En effet, selon elle, le référendum ne sera valide que si plus de 55% des votants se prononcent pour l'indépendance. En France, pourtant, la majorité est de 50% en pareilles circonstances. En conséquence, l'UE est-elle simple médiatrice ou au contraire juge et partie? En effet, il faut savoir que la préférence des autorités politiques européennes est le maintien de l'Etat commun de la Serbie-et-Monténégro.

Alors que la Serbie est incapable, à ce jour, de livrer Ratko Mladic au TPIY, on peut comprendre que les autorités monténégrines ne souhaitent pas la perpétuation de l'Etat serbo-monténégrin, d'autant plus que celui-ci risque d'être condamné à verser des réparations à la Bosnie-Herzégovine par la Cour internationale de justice.