30.7.08

Echec des radicaux à mobiliser en faveur de Radovan Karadžić

Le rassemblement sur la Place de la République à Belgrade, organisé le mardi 29 juillet dernier par le Parti radical serbe, est un échec. Entre 15 000 et 20 000 personnes étaient présentes. Cela est bien loin des dizaines de milliers de personnes annoncées par les radicaux. Belgrade a connu des meetings bien plus imposants ces dernières années. Pour rester en 2008, dans un autre contexte politique, 250 000 personnes s'étaient déplacées dans le centre de la capitale pour dénoncer l'indépendance du Kosovo. Lors des obsèques de Zoran Đinđić le samedi 15 mars 2003, plusieurs centaines de milliers de personnes avaient accompagné le cortège dans les rue de Belgrade...

Force est de constater que Radovan
Karadžić ne mobilise pas beaucoup de citoyens serbes. Le SRS exploite l'arrestation de Radovan Karadžić pour exister car il a de nouveau échoué à constituer un gouvernement, les socialistes leur ayant fait défaut. Il aurait pu se consoler avec la gestion de la ville de Belgrade, mais là aussi les alliances se sont retournées et les démocrates ont pu préserver leurs positions à Belgrade grâce à l'appui des socialistes (SPS).

Les radicaux dénoncent la prétendue dictature du président serbe, Boris Tadi
ć. Pourtant, ce dernier a été démocratiquement élu en février 2008. De même, la coalition pour la Serbie européenne, constituée autour du Parti démocrate, est arrivée en tête aux élections législatives. Elle est parvenue à s'entendre avec le Parti socialiste de Serbie pour former une majorité à l'Assemblée nationale.

D'aucuns voudraient faire croire que le pays connaît une crise politique. La Serbie a un gouvernement reposant sur une majorité claire. Certes, le parlement ne fonctionne pas normalement en raison de l'obstruction des radicaux. Les députés du Parti radical serbe, du Parti démocrate de Serbie et de Nouvelle Serbie souhaitent obtenir la démission de la présidente du parlement,
Slavica Đukić - Dejanović (SPS). Lorsque le parlement reprendra ses débats, la ratification de l'Accord de stabilisation et d'association avec l'UE sera à l'ordre du jour.

29.7.08

Manifestation des nationalistes, mardi 29 juillet 2008

Selon le quotidien Danas, le parti radical serbe (SRS) n'a pas déclaré auprès du ministère de l'Intérieur le rassemblement et la manifestation prévus ce soir. Selon la loi, les manifestations doivent être déclarées 48 heures avant leur déroulement.

La manifestation de ce soir sera en tout cas un test sur le degré de mobilisation des nationalistes en Serbie.

27.7.08

Menaces du Parti radical serbe

Sur son site Internet, le Parti radical serbe (SRS) indique que des rassemblements de protestation quotidiens contre l'arrestation de Radovan Karadžić ont lieu à 17 heures sur la Place de la République à Belgrade. Pour autant, le SRS déclare ne pas être l'organisateur de ces rassemblements qui n'ont pas attiré les foules jusqu'à ce jour.

Le SRS appelle désormais à un "rassemblement panserbe contre le régime félon et dictatorial de Boris Tadić" le mardi 29 juillet prochain à 19 heures.

Le parti de Vojislav Šešelj s'est montré menaçant lors de sa conférence de presse de vendredi dernier à travers l'intervention de sa dirigeante Vjerica Radeta : (...) Nous rappelons à Boris Tadic, le dictateur jaune que j'appelle bien volontiers Boris Broz, car il se comporte comme cela, que la trahison en Serbie ne se pardonne jamais. Nous ne menaçons pas, mais nous signalons la malédiction qui a accompagné tous les traîtres dans l'histoire serbe. Nous rappelons la fin de la dynastie des Obrenović et je dirais aux tenants du pouvoir actuels que tous n'auront peut-être pas la chance de Zoran Đinđić car Dieu punit jusqu'à la septième génération, et selon certains avis, jusqu'à la onzième, et il faudrait qu'ils en tiennent compte. (...).

Le Roi Alexandre Obrenović et son épouse Draga Mašin ont été assassinés sauvagement par des conspirateurs issus des rangs de l'armée serbe en 1903. Zoran Đinđić a été assassiné en mars 2003. Vjerica Radeta et la direction politique du SRS souhaitent-elles le même destin à Boris Tadić?

Les propos de Vjerica Radeta ont choqué une large partie de l'opinion serbe. Des menaces de mort sont adressées quotidiennement au président serbe à son adresse électronique en particulier.

Les autres partis d'opposition, le Parti démocrate de Serbie (DSS) et Nouvelle Serbie, ont annoncé qu'ils participeraient à la manifestation du 29 juillet car ils considèrent que la coalition au pouvoir ne "conduit pas la politique de la Serbie, mais celle qui lui est imposée de l'extérieur". Vojislav Koštunica (DSS), l'ancien premier ministre, considère quant à lui que le gouvernement actuel n'a pas de courage, qu'il ne mène pas une politique autonome mais qu'il tente de répondre sans fin aux exigences de l'Union européenne et des Etats-Unis. Il a déclaré que son intention avait été de remettre en cause la légitimité du TPIY après les acquittements de Ramush Haradinaj et de Naser Orić.

Les propos de Vjerica Radeta constituent un appel explicite à la violence politique. Le SRS avait veillé à soigner son discours au cours des dernières campagnes électorales (2007 et 2008). Tout cela n'était que changement de façade. Dire que certains analystes politiques ont essayé de nous faire croire que le SRS se transformait en parti du centre-droit, à l'instar du HDZ en Croatie.

24.7.08

Ces intellectuels qui soutiennent Radovan Karadzic

Nombre d'intellectuels qui avaient contribué au réveil national serbe de la seconde moitié des années 1980 figurent parmi les soutiens de Radovan Karadžić. Ils se sont rassemblés dans un comité de soutien dans lequel Kosta Čavoški, professeur de droit, joue un rôle déterminant. Il est un des principaux détracteurs du TPIY parmi les intellectuels du pays. Il a en particulier publié en 1998 un ouvrage intitulé "La Haye contre la justice" (Hag protiv pravde). Parmi ses membres fondateurs, on trouve également : Smilja Avramov, Brana Crnčević, Ljuba Popović, Slobodan Rakitić, Ivana Žigon, Dragoš Kalajić, Gojko Đogo et Momo Kapor. L'écrivain serbe de Bosnie-Herzégovine, ancien ministre de l'information du gouvernemt de la Republika Srpska, Miroslav Toholj, en est le secrétaire. Il est par ailleurs l'éditeur des ouvrages littéraires de Radovan Karadžić avec sa maison d'édition Igam.

Le Comité fondé en novembre 2001 sous le nom de Comité international pour la vérité sur Radovan Karadžić s'était doté d'un site internet en mars 2002 (www.karadzic.org), disparu de la Toile depuis quelque temps. Ce comité a publié plusieurs ouvrages d'entretiens et déclarations de l'ancien leader des Serbes de Bosnie-Herzégovine, chacune des parutions ayant fait l'objet d'une conférence de presse. On relève notamment un ouvrage réunissant des "ordres de guerre" de Radovan Karadžić : Ratne naredbe dr Radovana Karadžića paru en 2003 et suivi de trois autres volumes similaires. En 2006, deux volumes réunissant entretiens, discours et déclarations entre le 12 juin 1990 et le 19 juillet 1996 ont été édités par le comité en question (Glas javnosti, 21.04.2006, p. 19). Il est intéressant de relever que l'on ne trouve pas ces livres dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de Serbie.

23.7.08

Futur procès de Radovan Karadzic

Radovan Karadzic sera probablement transféré la semaine prochaine au TPIY. Si l'on peut se réjouir de son arrestation, il faut rester prudent quand au procès à venir. Non seulement, les procès au TPIY sont une lourde machinerie mais il faudra compter sur l'absence de volonté de coopérer de Radovan Karadzic qui affirme vouloir se défendre seul puisqu'il ne reconnait pas l'autorité du tribunal, tout comme Milosevic et Seselj. Il a déjà commencé à se défendre par le silence à la Cour chargée de juger les crimes de guerre en Serbie. Les procès au TPIY sont particulièrement longs : il est difficile dans ces conditions de les suivre régulièrement. La dimension pédagogique de ces procès n'est pas facile à mettre en évidence.

Dragan Dabic alias Radovan Karadzic

On en sait désormais plus sur l'arrestation de Radovan Karadzic qui vivait sous l'identité de Dragan Dabic. Il avait même fait développer un site Internet pour la promotion de ses activités et services : http://www.psy-help-energy.com. On trouve également le site suivant : http://dragandabic.com

Sur ce dernier site, on y trouve la présentation suivante de son parcours :

"Dr. Dragan "David" Dabic was born some 60 years ago in a small Serbian village of Kovaci, near Kraljevo. As a young boy he liked to explore nearby forests and mountains, spending a lot of time on Kopaonik mountain where he tended to pick the omnipresent natural and potent medicinal herbs that grew there. As a young man he moved to Belgrade, and then on to Moscow where he graduated with a Psychiatry degree at the Moscow State University (Lomonosov). After Russia, Dr. Dabic travelled around India and Japan, after which he settled in China where he specialized in alternative medicine, with special emphasis on Chinese herbs. In mid 1990s Dr. Dabic returned back to mother Serbia for good.

Ever since, Dr. Dabic emerged as one of the most prominent experts in the field of alternative medicine, bioenergy, and macrobiotic diet in the whole of the Balkans, and is frequent guest on many forums, seminars and symposiums (Belgrade, Novi Sad, Pancevo, Sombor, Smederevo...) dedicated to these topics.

For panel invitations or private consultations Dr. Dragan Dabic can be reached at the following contact:

healingwounds @ dragandabic . com"

22.7.08

Serbian Epics (1992)

Pour mieux appréhender la personnalité de Radovan Karadzic, je vous invite à regarder le documentaire de Pawel Pawlikowski, Serbian Epics, produit en 1992, dès que vous en aurez l'occasion. Le film était au programme du dernier Festival international du film de La Rochelle en juin-juillet 2008. Il serait utile qu'il puisse être (re)diffusé sur une chaine de TV national.

Je vous renvoie vers une présentation du réalisateur et du film par Stéphane Mas, trouvé sur la Toile : http://peauneuve.net/article.php3?id_article=68.

Dans ce film, Radovan Karadzic se présente comme le descendant du réformateur de la langue serbe au XIXe siècle, Vuk Karadzic (n'ont-ils pas le même menton !).

Arrestation de R. Karadzic (suite)

Selon son avocat, Svetozar Vujačić, Radovan Karadžić aurait été arrêté vendredi 18 juillet dans un bus dans la banlieue de Belgrade, entre Novi Beograd et Batajnica. On lui aurait mis un chapeau sur la tête pour qu'il ne puisse pas identifier ceux qui l'arrêtait. Il semblait donc se déplacer seul, sans garde rapprochée. La question qui se pose est de savoir depuis combien de temps se trouvait-il dans les environs de Belgrade?

Le Parti socialiste de Serbie, partenaire du Parti démocrate au sein du nouveau gouvernement, a pris hier soir ses distances en déclarant qu'il était opposé à la livraison de citoyens de Serbie au TPIY bien qu'il s'agisse d'une obligation internationale de la Serbie. Il a précisé que le ministère de l'Intérieur, conduit par son leader Ivica Dačić, n'avait pas participé à la localisation de Radovan Karadžić, ainsi qu'à son arrestation.

Cette dernière ne constituait pas une obligation internationale pour la Serbie, dont on attend qu'elle encore au TPIY encore deux fugitifs, à savoir Ratko Mlad et Goran Hadžić.

Arrestation de Radovan Karadzic

Le Conseil pour la sécurité nationale de la République de Serbie a annoncé lundi soir que Radovan Karadzic a été arrêté. Selon l'agence Beta, l'arrestation se serait produite à Belgrade ou ses environs. On ne dispose pas encore des détails de l'opération. Selon un communiqué officiel, les forces du ministère de l'Intérieur n'auraient pas participé à l'opération.

L'arrestation de Radovan Karadzic n'était pas une obligation de la Serbie à qui l'on demandait surtout d'appréhender et de livrer au TPIY Ratko Mladic.

Cette arrestation intervient deux jours avant la visite du Procureur général du TPIY, Serge Brammertz, prévue le 23 juillet 2008.

Les autorités serbes actuelles semblent décidées à vouloir régler une fois pour toute la question de la coopération avec le TPIY qui entrave son cheminement vers l'adhésion à l'Union européenne.