21.11.05

(Ré)évaluation erronée du rôle de Milosevic

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les guerres en Afghanistan puis en Iraq, l'opposition à la politique extérieure américaine s'est renforcée à travers le monde. Ce bouillonement antiimpérialiste et l'agitation antiaméricaine ont eu des effets sur l'interprétation des évènements des années 1990 en ex-Yougoslavie. Cette grille de lecture avait déjà été proposée auparavant, mais elle a trouvé un écho nettement plus large dans le nouveau contexte international depuis l'année 2001.

Force est de constater que dans des milieux politiques variés (ultra/extrême gauche, droite souverainiste, extrême droite), certains affirment que Milosevic a joué un rôle positif et qu'il est le premier à s'être opposé à l'impérialisme américain et que pour cette raison il en a payé le prix cher (bombardements de l'Otan en 1999 contre la RF Yougoslavie, transfèrement au TPIY).

Oubliés les conflits armés qu'il a provoqués en Croatie et en Bosnie-Herzégovine en 1991-1992, son autoritarisme qui a conduit à l'effondrement matériel et moral de la Serbie. Oubliés les assassinats politiques dont celui en 2000 d'Ivan Stambolic, ancien président de la Serbie au cours des années 1980, ou celui de Slavko Curuvija, journaliste, en 1999. Ne mentionnons pas les tentatives d'assassinat contre Vuk Draskovic en 1999 et 2000. Oublié l'enrichissement du clan Milosevic pendant la décennie passée. Oubliée la falsification des résultats électoraux en 1996, 1997 et 2000. Milosevic ne respectait la démocratie que lorsque la volonté populaire s'exprimait dans son sens.

Milosevic n'aurait rien à voir non plus avec la Grande Serbie ! S'il n'a jamais utilisé cette notion, c'est tout simplement parce qu'elle ne faisait pas partie de son répertoire/registre idéologique. L'idée de Grande Serbie a été élaborée entre autres par les idéologues du mouvement de la Ravna Gora (mouvement tchetnik) contre lequel les partisans communistes se sont battus pendant la Seconde Guerre mondiale. S'inscrivant dans la lignée du mouvement communiste, Milosevic ne pouvait employer cette notion. Mais ayant exploité le nationalisme pour renforcer son pouvoir, il n'en a pas moins oeuvré à l'unification des Serbes sous un même toit étatique (soit l'objectif fixé par l'idéologie grand-serbe).

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