23.11.05

Irrédentisme serbe et éclatement de la guerre en Croatie

Les nationalistes serbes pour justifier l'éclatement de la guerre en Croatie invoque principalement la politique antiserbe du pouvoir croate de l'époque, à savoir de la Communauté démocratique croate (HDZ) présidée par Franjo Tudjman. Le séparatisme serbe s'expliquerait par les mesures discriminatoires adoptées par le régime de Zagreb.

Il est certain que la politique croate visant à réviser la position des Serbes en Croatie a eu une influence sur leur mobilisation politique puis armée.

Néanmoins, force est de constater que des Serbes de Croatie appuyés par les intellectuels nationalistes de Belgrade se sont prononcés pour la division de la Croatie sur une base ethnique avant la tenue des premières élections libres dans cette république en avril 1990, et par conséquent avant l'arrivée au pouvoir de Franjo Tudjman.

En juillet 1989, lors de la célébration du Six-centième anniversaire de la bataille du Kosovo en Croatie, une proclamation sur l'établissement d'une nouvelle unité fédérale dénommée Krajina serbe circule. La capitale de cette nouvelle unité fédérale serait Karlovac. La Krajina serbe comprendrait ainsi le nord de la Dalmatie, la Lika, le Kordun, la Banija, la Slavonie et la Baranja, à savoir les territoires correspondant aux anciens confins militaires de l'Empire d'Autriche. Cette volonté de séparer les territoires peuplés de Serbes du reste de la Croatie est exprimée deux ans avant la proclamation de l'indépendance de la Croatie en juin 1991. Dans la réalité, la révision des frontières a déjà été proposée par les intellectuels s'inscrivant dans l'héritage du mouvement tchetnik de la Seconde Guerre mondiale (Vuk Draskovic et Vojislav Seselj notamment).

Dès cette époque, l'avenir de la Yougoslavie est en discussion. Les intellectuels nationalistes serbes évoquent déjà l'évolution possible de la Yougoslavie vers une confédération. Et dans ce cas précis, ils soutiennent que les frontières des républiques ne pourront demeurer les mêmes et que par conséquent la Croatie verra son territoire réduit. Au cours de l'été 1989, les intellectuels serbes de Belgrade se prononcent pour l'autonomie des Serbes de Croatie.

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