12.3.08

Mars ou le mois des commémorations

Tandis que le 9 mars 2008, Vuk Draskovic commémorait les manifestations du 9 mars 1991 sur la place de la République à Belgrade, les partisans de Milosevic commémoraient la mort de l'ancien président serbe et yougoslave le 11 mars 2008 à Pozarevac. Aujourd'hui, 12 mars 2008, le Parti démocrate, mais aussi le Parti libéral démocrate commémoraient les cinq ans de l'assassinat de Zoran Djindjic.

Tandis que Vuk Draskovic déclarait qu'il fallait "empêcher le retour des forces du passé", les dirigeants socialistes affirmaient qu'ils préserveraient la mémoire de l'ancien président serbe. Aujourd'hui, Cedomir Jovanovic (LDP) indiquait que la Serbie devait revenir sur la voie que symbolisait Zoran Djindjic en abandonnant le chemin dont Slobodan Milosevic est le symbole.

La Serbie est à la croisée des chemins. Une réponse sur le chemin qui sera emprunté par la société serbe sera apportée en mai prochain lors des élections parlementaires anticipées.

1 commentaire:

Vincent Jappi a dit…

http://www.bosnia.org.uk/news/news_body.cfm?newsid=2394
Lettre ouverte sur le génocide

Cinquante-cinq universitaires, militants des droits de l'homme et intellectuels du monde entier, Bosnian Institute, 4 avril 2008



Appel public à ce que soit diffusée


"l’intégralité, non expurgée, des procès-verbaux des réunions du Conseil supérieur de défense de Serbie de sorte que l’on puisse évaluer objectivement le rôle de l'État de Serbie dans le génocide en Bosnie-et-Herzégovine "



Lettre ouverte aux présidents de la Cour internationale de Justice, le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie et la République de Serbie





Il y a un an, la Cour internationale de Justice (CIJ) a publié son jugement dans l'affaire Bosnie-Herzégovine contre Serbie, acquittant la Serbie de complicité dans le génocide en Bosnie.

Nous, membres de la communauté universitaire internationale, pensons que cette décision --prise sans avoir pris en compte l’ensemble des preuves que l’on savait disponibles-- équivaut à un déni de justice et une trahison du principe suivant lequel le droit pénal international se doit d’agir pour prévenir et punir le crime de génocide .

En effet, la CIJ a refusé d’exiger de la Serbie qu’elle livre non expurgés les procès-verbaux des réunions du Conseil supérieur de défense de la République Fédérale de Yougoslavie. La demande à ce sujet des représentants légaux de la Bosnie-Herzégovine a été rejetée. De même, les juges de la CIJ ont décidé de ne pas demander au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) qu’il divulgue les documents en question.



Or, l'importance de ces transcriptions pour prouver l'intention de la République de Serbie de commettre un génocide contre la population musulmane de Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995 est justement apparue au procès de l’ancien Président de la Serbie Slobodan Milošević devant le TPIY.

Dans cette affaire Milošević, les juges avaient pu disposer des procès-verbaux en question lorsqu’ils ont déterminé qu’il y avait assez de preuves pour condamner Milošević pour les inculpations de génocide en Bosnie-Herzégovine, non seulement pour Srebrenica en 1995, mais encore pour les crimes commis depuis 1992.

Dans un jugement de procédure, en l’espèce du 16 Juin 2004, la chambre de première instance avait conclu qu’



« il y a des preuves suffisantes qu’un génocide a été commis à Brčko, Prijedor, Sanski Most, Srebrenica, Bijeljina, Ključ et Bosanski Novi »



Elle poursuit pour affirmer qu’elle



« pourrait être convaincu au-delà de tout doute raisonnable que l'accusé a participé à l'entreprise criminelle commune »



qui avait



« pour but et pour intention de détruire une partie des Musulmans de Bosnie en tant que groupe. »



Tel étant le cas, il est raisonnable de supposer que si le procès-verbal non expurgé des réunions du Conseil supérieur de défense avait été présenté devant la CIJ, le verdict aurait été différent et on aurait pu juger la Serbie complice de génocide.

Le fait que la Cour a décidé de ne pas demander de ces procès-verbaux nous amène à croire que la manière dont celle-ci a mené l’affaire, ainsi que son verdict, ont été influencés par des considérations politiques.

Le verdict de la CIJ n’a reconnu coupables de génocide les dirigeants serbes de Bosnie nulle part ailleurs qu’à Srebrenica. Cependant, ce jugement-là a déjà été remis en question par la Cour européenne des droits de l'homme puisque, le 12 Juillet 2007, celle-ci a confirmé la condamnation pour génocide de Nikola Jorgić, chef paramilitaire serbe en Bosnie par les juridictions allemandes. Or c’est pour génocide dans la région de Doboj en 1992 que Jorgić avait été condamné en Allemagne, donc dans le cadre d'une série de massacres dont la CIJ n'a pas voulu reconnaître le caractère génocidaire.



Cependant, la CIJ n'est pas la seule juridiction de l'ONU qui a manqué aux principes du droit international. Pour leur part, les juges du Tribunal Pénal International avaient accepté la requête de la Serbie pour que les procès-verbaux du Conseil supérieur de défense ne leur soient présentés que dans une version expurgée, soi-disant parce que la « sécurité nationale » de la Serbie aurait été en jeu.

L’équivalent aurait été que le Tribunal militaire international de Nuremberg accepte de garder sous le coude les principaux éléments de preuve contre les dirigeants nazis, par égard pour la « sécurité nationale » de l’Allemagne.

La concession du TPIY à la Serbie était le produit d'un accord politique conclu par le Tribunal avec le gouvernement serbe, et constitue donc une nouvelle preuve du fait que les tribunaux internationaux ont permis à la politique de fausser la procédure judiciaire.



En tant que représentants des communautés universitaire, des droits de l'homme et des intellectuels du monde entier, nous exigeons que l'opinion internationale connaisse toute la vérité.

Par conséquent, nous demandons que la totalité, non expurgée, des procès-verbaux des réunions du Conseil supérieur de défense soit rendue publique, afin que le rôle de l'État de Serbie dans le génocide en Bosnie-Herzégovine puisse être évalué objectivement.



(les soussignés)

1. Dr Marko Attila Hoare, Senior Research Fellow à la Faculty of Arts and Social Sciences, Kingston University; auteur de ‘The History of Bosnia: From the Middle Ages to the Present Day’ et de ‘Genocide and Resistance in Hitler’s Bosnia’.

2. Edina Bećirević, Maître de conférences, Faculté de Droit Pénal, Université de Sarajevo ; auteur de ‘International Criminal Court: Between Ideals and Reality’.

3. Sonja Biserko, Présidente du Comité Helsinki pour les droits de l'homme en Serbie, a écrit et publié plusieurs ouvrages sur le nationalisme serbe, dont ‘Bosnia- Herzegovina the Core of the Greater Serbia Project’.

4. Dr Robert Donia, Research Associate au Center for Russian and East European Studies de l’University of Michigan, auteur de : ‘Sarajevo: A Biography’.

5. Dr Noel Malcolm, Senior Research Fellow, All Souls College, Université d’Oxford, auteur de 'Bosnia : A short history’ et de ‘Kosovo: A short history’.

6. Professeur Norman Cigar, Research Fellow à la the Marine Corps University, Quantico, auteur de ‘Genocide in Bosnia'

7. Diego Arria, ambassadeur, ancien Président du Conseil de sécurité des Nations unies

8. Sylvie Matton, écrivain et journaliste français, auteur de ‘Srebrenica: Un génocide annoncé'

9. Tom Gallagher, Professeur au Department of Peace Studies, University of Bradford, Royaume-Uni, ‘The Balkans after the Cold War’, ‘The Balkans in the New Millennium’, ‘The Balkans, 1789-1989’

10. Branka Magaš, historienne, auteur de : 'The Destruction of Yugoslavia', maître d’ouvrage de ‘The War in Croatia and Bosnia-Herzegovina’

11. Quintin Hoare, Directeur du Bosnian Institute

12. Maja Petrović-Steger, Fellow of Peterhouse College, Cambridge and of the Department of Social Anthropology at Cambridge University.

13. Dr Smail Čekić, Directeur of l’Institute for the Research of Crimes Against Humanity and International Law, auteur de ‘The aggression against the Republic of Bosnia-Hercegovina’

14. Una Barac, BA (Hons) Dip Arch RIBA, London

15. Dr Mirsad Abazović, Professor, , Faculté de criminologie, Université de Sarajevo

16. Jasmin Ahić, Professeur, Faculté de criminologie, Université de Sarajevo

17. Dr Susan M. Blaustein, Columbia University

18. Dr James Lyon, senior adviser à l’International Crisis Group

19. Latinka Perović, historienne, Belgrade, auteur de nombreux livres sur l’histoire de la Serbie, le plus récent étant "Between anarchy and autocracy: Serbian society at the turn of the centuries (XIX-XXI)’

20. Biljana Kovačević-Vuco, Direktor of YUCOM (Committee of Human Rights), Belgrade

21. Jasmina Beširević Regan, Doyenne de Trumbull College à l’Université de Yale

22. Sabrina P. Ramet, Professeur de Sciences politiques, The Norwegian University of Science & Technology, Trondheim, auteur de ‘The Three Yugoslavias’

23. Dr Ronald A. Roberts, Faculty of Arts and Social Sciences, Kingston University, auteur de ‘Just War: Psychology and Terrorism’

24. Ed Vulliamy, Grand reporter à The Observer de Londres, auteur de ‘Seasons in Hell: Understanding Bosnia’s War’

25. Jens-Martin Eriksen, écrivain, Danemark

26. Florian Bieber, Assistant en politique de l’Europe orientale, University of Kent, auteur de ‘Post war Bosnia’ et ‘Understanding the war in Kosovo’

27. Peter Lodenius, journaliste à Ny Tid, Danemark

28. Aida Alić, journalist à BIRN-Justice Report

29. Aida Kokić, Université de Sarajevo

30. Mirza Kokić, Université de Sarajevo

31. Zrinka Bralo, Executive Director du Migrant and Refugee Communities Forum de Londres

32. Majda Bećirević, The Open University, UK

33. Adisa Mehić, avocat, Sarajevo

34. Jasminka Dedić, MA, Peace Institute, Ljubljana

35. Carole Hodge, auteur du livre ‘The Serb Lobby in the United Kingdom’

36. Hariz Halilovich, Assistant à la School of Anthropology, Geography and Environmental Studies, University of Melbourne

37. Velma Sarić, Institute for the Research of Crimes against Humanity and International Law

38. Vlado Azinović, Rédacteur en chef, South Slavic and Albanian Languages Service, Radio Free Europe/Radio Liberty, Prague

39. Bianca Jagger, militante pour les Droits de l’homme

40. Reverend Nicholas Sagovsky, MA, PhD, Professeur, chanoine théologien à l’Abbaye de Westminster et auteur de nombreux livres sur la théologie, l’ecuménisme et la « justice sociale »

41. Dr. Rory J. Conces, Department of Philosophy and Religion, University of Nebraska at Omaha USA

42. Edin Veladžić, historien, Université de Sarajevo

43. Karl F. Bahm, Professeur associé d’Histoire de l’Europe, The University of Wisconsin à Superior, USA

44. Ioannis Armakolas, Assistant, University de la Mer Egée, Grèce

45. Dr.Srđa Pavlović, Assistant Adjunct Professor, Department of History and Classics, University of Alberta, Canada

46. Professeur Perséphone Zeri, Université Panteion d’Athènes

47. Anna Di Lellio, Visiting Professor au Graduate Program in International Affairs, The New School, New York

48. Tammy Smith, Professeur assistant de sociologie, State University of New York, Stony Brook

49. Maria Papadopoulou, journaliste, Athènes

50. Dr. Ludwig Steindorff, Professeur au Séminaire Historique sur l’Histoire de l’Europe orientale, Christian-Albrechts-Universität zu Kiel

51. Gorana Ognjenović, Rédactrice en chef, Dictum The Critical View (www.dictum.no)

52. Ozren Žunec, Professeur de sociologie, Université de Zagreb

53. Dunja Melčić, historienne, philosophe, Zagreb

54. Tone Bringa, auteur de ‘Being Muslim the Bosnian Way’