17.5.08

Hold-up électoral ?

Les résultats des élections législatives n'ont pas encore été officiellement proclamés par la Commission électorale de la République de Serbie puisque le scrutin doit être renouvelé dans trois bureaux de votes dans les localités de Žagubica, Kraljevo et Srbica.

Cela retarde d'autant la constitution de la nouvelle assemblée.

Contre toute attente, les radicaux arrivaient en tête dans la plupart des sondages, la Coalition pro-européenne a réalisé le meilleur score avec 38,44% des voix et obtient ainsi 102 sièges à l'Assemblée de Serbie. Le Parti radical serbe se place en seconde position avec 29,36% des suffrages (soit 78 sièges), tandis que la coalition entre le Parti démocrate de Serbie et Nouvelle Serbie récolte 11,59% des voix lui donnant 30 sièges de députés.

La surprise est venue du score du Parti socialiste de Serbie qui, allié aux formations Parti des retraités unifiés de Serbie et Serbie unie, a obtenu 7,60% des suffrages et 20 sièges. Le résultat du SPS place ce parti en position d'arbitre pour la formation du futur gouvernement.

En effet, la Coalition pour la Serbie européenne ne dispose pas de la majorité absolue à l'Assemblée, il lui manque 24 sièges pour y parvenir. Or, les partis des minorités nationales et le Parti libéral démocrate n'ont pas un nombre de députés suffisant afin de permettre à cette coalition d'avoir la majorité nécessaire pour gouverner. La seule issue possible est d'établir un accord gouvernemental avec le Parti socialiste de Serbie, dirigé autrefois par Slobodan Milosevic.

N'attendant pas la proclamation officielle des résultats, ni la constitution de l'assemblée, encore moins la nomination d'un Premier ministre par le président du pays, Boris Tadic, le Parti radical serbe et le Parti démocrate de Serbie ont commencé des négociations qu'ils ont prolongé avec le Parti socialiste de Serbie sur un accord de gouvernement. Les négociations sont encore en cours mais ont bien progressé.

La logique institutionnelle voudrait que Boris Tadic nomme un Premier ministre issue de la Coalition victorieuse, à qui il reviendrait de trouver une majorité au parlement. En cas d'échec, et seulement alors, le président devrait nommer un autre chef de gouvernement susceptible d'obtenir la majorité absolue.

Vojislav Kostunica, le "légaliste", n'est pas très soucieux du respect des résultats électoraux et il se positionne déjà en futur chef du gouvernement alors que son parti n'a pas réalisé un bon score.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

"La logique institutionnelle voudrait que Boris Tadic nomme un Premier ministre issue de la Coalition victorieuse, à qui il reviendrait de trouver une majorité au parlement. En cas d'échec, et seulement alors, le président devrait nommer un autre chef de gouvernement susceptible d'obtenir la majorité absolue." Yves Tomic.

Alors pourquoi Boris Tadic ne le fit-il pas l´an dernier ? Si je me souviens bien, en 2007 c´était le Parti radical serbe dirigé par Nikolic qui était arrivé en tête. Le DS de Tadic était deuxième et le DSS de Kostunica troisième. Et que fit Tadic ? Il chargea le premier ( Nikolic) de trouver une majorité ? Non, bien sûr. Il chargea le troisième (Kostunica) de trouver une majorité excluant les vainqueurs (Radicaux). Ce qu´il fit.

Les électeurs serbes ont voulu que Kostunica soit encore troisième cette fois-ci. Comme il me semble que la constitution serbe n´a pas changé depuis l´an dernier, s´il parvient à trouver une majorité, et que Tadic refuse de le nommer, ce serait un coup de force présidentiel. À moins que Tadic réussisse à constituer une majorité avec les socialistes qui semblent être devenus fréquentables du jour au lendemain. À défaut d´un accord avec eux, Tadic ferait bien reconnaitre sa défaite avant de se discréditer complètement.

Yves Tomic a dit…

Votre présentation des événements est un peu rapide. Je peux indiquer que Boris Tadic consécutivement aux élections parlementaires de janvier 2007 a consulté les dirigeants des partis entrés à l'Assemblée de Serbie. Le 29 janvier 2007, Boris Tadic a reçu en premier une délégation du Parti radical serbe conduite par Nataša Jovanović (Politika, 29.01.2007, p. A1). Le fait que le Parti radical serbe ait envoyé une délégation composée de dirigeants de second rang au lieu de ses principaux dirigeants (Tomislav Nikolic, Aleksandar Vucic, etc.) reflétait le fait que les radicaux ne souhaitaient pas à l'époque constituer de gouvernement. Les radicaux n'avaient d'ailleurs pas avec qui le faire.

Par la suite, Boris Tadić a souhaité confier le mandat de Premier ministre à Bozidar Djelić, issu de la deuxième force politique du pays, le Parti démocrate. Mais lors des négociations pour former le gouvernement, le Parti démocrate de Serbie a insisté pour que le poste de chef du gouvernement lui revienne dans la mesure où le Parti démocrate disposait du poste de Président de la République.

C'est ainsi que Vojislav Kostunica a été chargé de former l'équipe gouvernementale.

La Coalition pour la Serbie européenne étant largement arrivée en tête, il est tout à fait normal que le candidat au poste de Premier ministre en soit issu.

Anonyme a dit…

Non, non. Ma présentation n´est pas rapide. Elle est simplement juste. En 2007, le SRS arrivé largement en tête des élections ne pouvait exiger que le président nomme un premier ministre issu de ses rangs précisément parce que le SRS n´avait pas de partenaires lui permettant de trouver une majorité à l´assemblée. Peut-être ne s´est-il pas efforcé d´en trouver mais c´est une autre question.

Aujourd'hui c´est la liste Tadic qui est dans cette situation. À la différence qu´elle cherche des partenaires et revendique de diriger le futur gouvernement. Elle le revendiquait déjà l´an dernier d´ailleurs. Il est normal que le premier ministre sorte des rangs de cette coalition à la condition qu´elle ait une majorité à l´assemblée ou du moins qu´elle soit en mesure de former un gouvernement assez stable même sans majorité absolue. Pour l´instant il semble que cela ne soit pas le cas, même si les pressions devraient finir par porter leurs fruits pour que les socialistes soutiennent d´une façon ou d´une autre un tel gouvernement.

L´argument ne vaut pas plus pour Tadic aujourd'hui´hui que pour Nikolic hier. Qu´on le veuille ou non. Qu´on le déplore ou qu´on s´en réjouisse.

Quant à Kostunica, c´est vous qui allez un peu vite. Si Tadic l´a nommé ce n´est pas pour ne pas concentrer les pouvoirs sur le seul DS mais bien parce qu´il ne pouvait pas l´évincer. Il n´y avait pas de gouvernement "démocrate" sans lui. Tel était le rapport des forces à l´assemblée. En revanche un gouvernement SRS-DSS était numériquement possible. C´est bien le DSS qui était en position d´arbitre. Aujourd´hui c´est le SPS et non plus Kostunica.

Il ne faudrait pas qu´en faisant la danse du ventre devant les socialistes qu´il rendait jusqu´à hier responsable de tous les malheurs de la Serbie, Tadic se mette aussi à copier certaines de leurs habitudes.