13.3.06

L'imaginaire du complot

Les partisans de Milosevic sont fidèles à eux-mêmes : leur chef n'a pas pu mourir d'une mort naturelle, liée à sa maladie. Il n'a pu être qu'empoisonné. De la sorte, on entretient le mythe du héros serbe martyr.

Si Milosevic avait eu des choses importantes à révéler, il les aurait déjà déclarées au cours des quatre ans de procès (février 2002-mars 2006). Il a eu le loisir de s'exprimer et de disposer d'une tribune pour contester la légitimité du TPIY et donner sa vision des faits. Il n'était pas dans l'intérêt du tribunal qu'il meurt alors que l'on s'approchait de la fin du procès.

Sa mort aura pour conséquence principale de détériorer davantage l'image du TPIY auprès des citoyens de Serbie, qu'ils soutiennent ou pas l'héritage de Slobodan Milosevic. Néanmoins, si le procès à l'encontre de Milosevic était le procès clé, il n'était pas le seul, de nombreux procès ont déjà eu lieu et d'autres sont à venir qui permettront d'établir les responsabilités à propos des atrocités commises pendant les guerres des années 1990.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, bravo pour ce blog riche en informations. Que pensez-vous de l'"affaire" Handke ? Avez-vous des éléments sur les propos tenus à Posarevac ?

Yves Tomic a dit…

Handke a été invité à l'enterrement par la famille de Milosevic (source : Kurir, 24.03.2006).

Il a adressé le discours qu'il a tenu à cette occasion au quotidien Le Monde :
"J'aurais voulu ne pas être le seul écrivain ici à Pozarevac, mais être à côté d'un autre écrivain, par exemple Harold Pinter. Il aurait eu besoin de mots forts. J'ai besoin de mots faibles. Mais le faible, aujourd'hui, ici, sera juste. C'est un jour pour les mots forts, mais aussi pour les mots faibles. (A partir d'ici je parle en serbo-croate - écrit tout seul ! - retraduit après coup.) Le monde, le prétendu monde, sait tout sur la Yougoslavie, la Serbie. Le monde, le prétendu monde, sait tout sur Slobodan Milosevic. Le prétendu monde sait la vérité. C'est pour ça que le prétendu monde est absent aujourd'hui, et pas seulement aujourd'hui, et pas seulement ici. Le prétendu monde n'est pas le monde. Je sais que je ne sais pas. Je ne sais pas la vérité. Mais je regarde. J'entends. Je sens. Je me rappelle. Je questionne. C'est pour ça que je suis présent aujourd'hui, près de la Yougoslavie, près de la Serbie, près de Slobodan Milosevic."

De fait, Handke s'est associé à la coalition rouge-brun qui a soutenu Milosevic et interprète l'histoire de la Serbie uniquement à travers le prisme du complot occidental à l'encontre de ce pays.